Il est des courses qui, malgré la difficulté rencontrée, laissent un doux sentiment de devoir accompli. A y réfléchir, cet Embrunman 2013 sera classé dans ce type d'épreuves, à tel point que, 5 jours après, je ne me souviens même pas avoir souffert durant l'épreuve... Revenons-y...

La préparation de cet Embrunman s'est remarquablement déroulée : de bonnes conditions météo, beaucoup de plaisir à nager, rouler, courir, dans les Alpes, dans notre si beau Jura. A quelques minutes du départ, je n'avais que des certitudes : Celles d'avoir été parfaitement préparé, programmé pour affronter cette épreuve, celle de la connaître au mieux, après 4 participations. Il régnait, dans mon esprit, une sérénité inhabituelle...

6H00, jeudi 15 août 2013, plan d'eau d'Embrun. Le départ du 30ème Embrunman est donné. Près de 1500 triathlètes s'élancent dans une natation dont les 300 premiers mètres ressemblent plus à une monstrueuse machine à laver ! Peu amateur de ce type d'agitation, c'est en mode water polo que je suis contraint de "flotter" jusqu'à la seconde bouée. Passée cette dernière, je pris le parti de nager à peine à l'écart, quitte à nager un peu plus que les 3800 mètres initialement au programme. Au final, et avec un temps 1h05'54", je sors de l'eau en 274ème position. C'est certes un peu moyen, mais la journée ne fais que commencer...

Avec ses 3800 m  de dénivelé positif, la partie cycliste de l'Embrunman fait figure d'épouvantail. Rouler, sans trop s'user, se ravitailler, boire, rester concentré sur des routes parfois peu carrossables, telles étaient les pensées du jour. La première difficulté de la journée (la montée des Puys) est négociée sans difficulté. Déjà, je reviens sur bon nombre de concurrents. Entre des ascensions, la position aéro, posé sur les prolongateurs du P3, est confortable et permet d'optimiser l'effort. Savines le Lac, Saint André sont déjà derrière que s'annonce la superbe approche du col d'Izoard. Tout se déroule bien, j'ai une fraîcheur physique remarquable, je gère pour "en garder pour la suite". Le col d'Izoard fait office de plat de résistance... Toutefois, jamais il ne sera passé avec autant de facilité et de décontraction ! Même les secteurs réputés durs sont négociés en souplesse. Je prends un énorme plaisir à rouler... Petit ravitaillement au sommet, sous les encouragements de Michel et de mon Président François (qui m'intime l'ordre de manger sur place, ce que je ne ferais pas... Ce n'est pas non plus un restaurant !!!). Au bas de la longue descente, Je retrouve Dédé avec qui j'effectuerai les 70 kilomètres restants.

La seconde partie du vélo est globalement descendant, mais ponctuée de 2 difficultés : la côte de Pallon est dure, raide, toute droite, sous un soleil de plomb... Elle sera, elle aussi, négociée sans trop de séquelles. La dernière bosse est la montée de Chalvet. Pas trop longue, pas trop raide, il est surtout dur de l'attaquer au 175ème kilomètre !!! J'y souffrirai un peu de la chaleur. Au sommet, je distance mon ami Dédé, contraint de s'arrêter quelques secondes... Descente vers l'aire de transition, temps sur la partie cycliste : 7H02, 128ème temps sur la discipline ! Et quel bonheur d'avoir fait ces 188 km, avec une telle fraicheur physique et surtout mentale !!!

Bon... C'est pas fini !!! Une question me taraude... Comment vais-je pouvoir courir après ce vélo ??? Je pars souple, sur un rythme assez lent, qui rapidement augmentera (sans pour autant passer le mur du son s'entends !!!). Je finirai par me caler sur une cadence à laquelle je me sens assez bien, et sur laquelle je pense pouvoir durer. Pour éviter les récurrents problèmes gastriques (eau qui se stock dans l'estomac, qui n'est plus assimilée et qui oblige à un superbe dépôt de gerbe.... Cf Lanzarote 2011, Embrunman 2011 et 2012, Cozumel 2012), je prends volontairement la décision de ne pas trop boire. Un chouilla moins que ce qu'il faudrait. Chemin faisant, tout se déroule bien jusqu'au kilomètre 21.

Au moment du passage dans la zone de transition, et juste avant de partir pour le second tour, la spirale descendante est en route. Je sens l'estomac qui commence à "glouglouter". Je suis aux abois... L'expérience aidant, je me calme. J'envoie "peter" Dédé, revenu sur moi, qui me demande de le suivre (alors qu'il court 10 km/H plus vite que moi !!!), bois une petite dose de cette boisson américaine que l'exécre tant, et repars en alternant marche et course. En quelques kilomètres, la situation dans l'estomac se stabilise, puis s'améliore ! Le tour du plan d'eau aura été difficile, mais je peux envisager de retrouver un rythme satisfaisant.

Oui mais non en fait.... Car ce sont les crampes qui font désormais leur apparition ! De terribles crampes aux 2 jambes, ces crampes qui font bien mal à chaque foulée. Mais bon, je ne vais pas me plaindre, si je suis dans cette état, c'est quand même bien moi qui l'ai voulu !!! Les crampes m'empêchent de courir en montée, m'obligent à entrecouper les longues périodes de course avec un peu de marche sur le plat, et font particulièrement mal en descente... Mais je parviens à courir.... L'oeil sur la montre, je sais que je me dirige vers un nouveau record. Je serre les dents. Au bénéfice d'un ravitaillement, Manu, collègue de club, me dépasse à 1,5 km de l'arrivée. Je me suis bien refaits, réussis à revenir sur lui. C'est côte à côte que nous franchirons la ligne d'arrivée, en 12H43min00'. Ce 202ème temps course à pied reste satisfaisant compte tenu des difficultés rencontrées...

Le bilan est très positif... J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à cette épreuve. J'entends poindre la traditionnelle remarque selon laquelle je n'aurais pas bien géré le vélo, que j'en aurais "trop mis" ! Mais peu importe !!! J'ai pris un tel plaisir à rouler que je ne retiens pas cette objection. Je suis content, et c'est tout !!! 10 min de gagnées à Vélo, 10 min de gagnées à pied, c'est précisément de 17 minutes que je bats mon record de l'an passé... Content je vous dis ! Très content même !!!

Pour finir, la traditionnelle litanie des remerciements...

• Déjà, un colossal merci à mon coach, Stéphane Palazzetti, qui m'a une nouvelle fois parfaitement préparé pour l'évènement et grâce à qui je peux vivre de telles journées.
• Merci aux nombreux supporters qui ont jalonné les parcours.
• Merci à ceux qui ont partagé une partie de ma préparation, la rendant encore plus agréable (Alexis, Clément, Franck, Guillaume... et ceux que j'oublie)
• Merci à ceux qui me soutiennent et m'encouragent, de quelque manière que se soit...
• Et merci à Pierrot pour la photo !!!

Vivre le triathlon et rendez-vous le 25 août à Vouglans !!!